
Gerry veut rattraper le temps perdu et met les gaz. Le 4x4 bondit de bosse en bosse. Le châssis gémit, les amortisseurs talonnent de plus en plus. La piste devient roulante, c'est essentiellement du sable au relief doux et sans dunes. Nous sommes dans le lit majeur du Niger, les tamaris et les acacias rompent la monotonie du paysage.
La piste débouche sur un village qui s'allonge tout le long du fleuve. C'est Gourma Rarous. Nous allons saluer les gendarmes, leur demander où nous pouvons traverser le Niger. Ils m'indiquent ou se trouve la case du bacquier que nous devrons prévenir quand nous serons décidés.
En attendant nous allons déjeuner chez un pêcheur qui nous propose du poulet. Il n'a pas de poisson mais nous offre des bières pendant qu'il prépare le repas.
Nous réalisons vite qu'il court après sa volaille et qu'il n'est pas près de la faire cuire. Pour nous faire patienter un de ses amis nous invite à aller voir l'endroit où l'hélicoptère de Thierry Sabine s'est écrasé.
Nous n'étions pas passés loin. La présence du guide s'avère utile pour découvrir l'endroit où a été érigé un monument à la mémoire du créateur du Paris-Dakar disparu tragiquement, lors du crash de l'hélicoptère avec le chanteur Daniel Balavoine, une journaliste, le pilote, le technicien radio, le 14 Janvier 1986.
Le rotor est planté dans un petit bassin sommairement maçonné rempli de sable. Il reste encore des morceaux de pale. En fibre de verre, ils ont été épargnés, étant d'aucune utilité pour les forgerons locaux.
L'endroit est bien dégagé, au cours d'une tempête de sable qui sévissait ce jour-là, le pilote, en approche de l'aérodrome occasionnel de Gourma Rhaous, a plongé trop tôt et a percuté le sol.
Je reste un moment songeur devant ce monument. Je me souviens parfaitement de ce 14 janvier, j'attendais un ami dans le hall de l'Assemblée Nationale et un député était venu solennellement annoncer la nouvelle à la cantonade. Nous revenons au restaurant où le poulet est enfin servi, en sauce accompagné de riz. Le patron est volubile, les voyageurs se font rares.
FIN
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