
Le crash survenu lundi en Argentine rappelle l'accident survenu en 1986 lors du Paris-Dakar, avec la disparition de Daniel Balavoine et Thierry Sabine.
« Quand j'ai vu l'info, ce matin vers 8 heures, j'ai eu un flash, raconte Yann Bessoule, journaliste à Ouest-France. Et je suis brutalement revenu trente ans en arrière. »
Impossible de ne pas y penser. L'annonce du crash d'hélicoptère survenu en Argentine, avec la mort de dix personnes, dont trois sportifs réputés - Florence Arthaud, Camille Muffat et Alexis Vastine –, a tristement et immanquablement rappelé celui survenu en marge du Paris-Dakar 1986, entraînant la disparition du chanteur Daniel Balavoine et de l'organisateur de l'épreuve, Thierry Sabine.
L'appareil tente de suivre les feux arrière d'un 4x4
« A l'époque, je dirigeais le Centre de presse du Paris-Dakar, au Palais des Sports à Paris, raconte Yann. On était une petite équipe en charge de faire circuler l'info, de produire des textes, de donner les classements. »
Au soir du 14 janvier 1986, la 8e édition du célèbre en est à son 14e jour de course, au Mali. Dans l'obscurité, l'hélicoptère blanc de l'organisation, un AS350 Ecureuil survole le désert.
Suite à plusieurs contretemps et à des changements de passagers (Patrick Poivre-d'Arvor aurait ainsi pu se trouver à bord, laissant sa place à une consoeur Nathaly Odent du Journal du Dimanche), l'appareil se pose deux fois, redécolle, tente de suivre les feux arrière d'un 4x4 qui lui ouvre la route. Et s'écrase sur une dune à cinq minutes du bivouac ...
« Je suis réveillé par un coup de téléphone »
« Cette nuit-là, poursuit Yann, j'avais terminé tard, vers 2-3 heures du matin. A 6h30, je suis réveillé par un coup de téléphone. C'est Annie, qui travaillait avec moi. "Il y a eu un accident d'hélico", me dit-elle. Un silence. "Il y a cinq morts, dont Thierry Sabine et Daniel Balavoine". Autrement dit, l'organisateur du rallye et l'un des chanteurs les plus médiatiques en France ».
« J'ai filé au Centre de presse, poursuit Yann. Et vers 8 heures, devant une foule de journalistes, j'ai officiellement annoncé le drame ».
Et les noms des cinq victimes : outre Daniel Balavoine et Thierry Sabine, donc, le pilote de l'hélico François-Xavier Bagnoud, la journaliste du Journal du dimanche Nathalie Odent et le technicien radio de RTL Jean-Paul Le Fur.
« Le retentissement a tout de suite été énorme, l'émotion, colossale. A l'époque, Thierry Sabine était très médiatisé, controversé, aussi – le Paris-Dakar, qui faisait l'objet d'émissions spéciales, de reportages, avait aussi des détracteurs. Et Daniel Balavoine était un chanteur en pleine ascension, qui plus est engagé politiquement, militant. »
« La polémique commençait déjà à enfler »
Cette année-là, le chanteur ne participait pas à la course (il avait concouru lors des éditions 1983 et 1985), mais s'occupait de l'action humanitaire « Paris du c½ur » qui visait à installer des pompes à eau hydrauliques dans des villages africains en profitant de la logistique du rallye.
« Le lendemain soir, avec deux ou trois personnes de la société Thierry Sabine Organisation, nous avons été invités à l'émission de fin de journée d'Elkabach, sur Europe 1. Et la polémique commençait déjà à enfler. Qui était responsable ? La sécurité était-elle bien assurée ? L'hélicoptère était-il en état de voler ? Quoi qu'il en soit l'émotion était encore présente. Et Elkabach m'a même appelé Yvan Boussole ».
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