
Aragon Deep sleep of 1919. Daniel Balavoine reads the poem
En se plongent dans la Littérature Revue mensuelle, que Breton et Soupault venaient de lancer en 1919. Dans le n°9, de novembre 1919, on lit la première édition de "Sommeil de plomb", qu'Aragon [1897] reprendra plus tard dans un recueil, Le Mouvement perpétuel (1926), et que Daniel Balavoine fit connaître à l'occasion d'une émission de télévision "Chants d'Aragon" (A2) le 09 Janvier 1983 (Voir Photo). On reconnaîtra le paysage du quai de Seine et la statue d'Henri IV...
Daniel Balavoine récite un poème d'Aragon : Sommeil de plomb (Voir vidéo ci-dessous)
https://www.youtube.com/watch?v=DCemPF-ktcA
http://www.dailymotion.com/video/xhpv9g_daniel-balavoine-lit-le-poeme-d-aragon-sommeil-de-plomb-1983_music
BON A SAVOIR :
A noter que ce passage D'Aragon récité par D.Balavoine est extraite de (Balavoine, Daniel - Le chanteur – DVD) sortie le 14 Novembre 2005 À l'occasion du 20e anniversaire de sa disparition . Universal Music et Barclay éditée, pour la première fois en DVD, l'anthologie de ses chansons et interviews filmées...
Voici les textes « Sommeil de Plomb »
SOMMEIL DE PLOMB
A Philippe Soupault.
Le dormeur éveillé regarde la vie avec des yeux de petit enfant
Dormeur quel nuage obscurcit l'azur de ton front
L'homme secoue une tête plus pesante que l'orage
Il voudrait jouer aux quatre coins, mais il ne peut-il est tout seul
La balle du soleil en vain s'offre à lui
En vain les cerceaux des ponts
En vain
Henri IV l'invite à chat perche (sic)
Le monde coule à ses pieds et les passants ont toujours le même visage
Les plus pressés paraissent plus jeunes et les plus vieux paressent
A la voir on ne croirait pas la ville en carton ni le soir
Faux comme les prunelles des femmes et des amis les meilleurs
Quel danger je cours Immobile contre le parapet de l'univers
Si j'allais me prendre à ce chromo l'aspect des maisons à huit heures d'été
Vertige Le décor devient le visage de la vie
La face de cette fille que j'ai tant aimée
Pour ses mains ses yeux faits et sa stupidité
Comme tu mentais bien paysage de l'amour
Il y avait cette place au creux de ton épaule
Et les frissons qui glissaient comme une eau sur ma figure
Courroux courroux mais tu chantais à voix basse comme la plus innocente
Et tu ne trouvais que des consonnes sourdes
Des sons issus du sang pour nommer les lèvres les caresses
Tout ce qui dansait entre deux corps comme la flamme du désir
Un bourdonnement de mouches sur les fruits signifiait moi-même
Et quand j'étais trop las tu laissais avec à propos pendre un bras mûr
J'attends que renaisse la dame du souvenir
Un grand trou s'est fait dans ma mémoire
Un lac où l'on peut se noyer mais non pas boire
Aucun remords ne t'éveille et tu sens le lit sous les reins
Jusqu'à ce que ce dernier appuie s'affaisse et que tu t'enfonces dans le vide
Au pays souterrain du songe
Alors je retombe en enfance
Les livres sont rouges et dorés sur tranche
Il n'y a qu'un avenir tout simple
Là-bas entre les lianes des forêts bien connues
On fait du feu avec des morceaux de bois sec et la boussole permet de s'orienter
Pourvu que les porteurs ne se révoltent pas
Pourvu que les dormeurs ne se réveillent pas
Mon corps je t'appelle du nom que les bouches ont perdu depuis la création du monde
Mon corps mon corps c'est une danse rouge c'est un mausolée un tir aux pigeons un geyser
Plus jamais je ne tirerai ce jeune homme des bords des forêts
Il peut sans peine sommeiller
Il n'est pas mort Il bouge dans un monde plus mou
Ne me parlez pas de la lumière du sommeil.
Louis ARAGON
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