
En annonçant sa candidature, le 14 Décembre 1980. Un sondage paru dans le Journal du Dimanche crédite Coluche de 16% .Malgré la censure, la popularité de Coluche se confirme .Valery Giscard d'Estaing aurait alors confié, via M. Christian Bonnet (son Ministre de l'Intérieur) une mission : "détruire politiquement Coluche".
Durent sa candidature il reçoit des appels téléphoniques dont un qui fait froid dans le dos puisque l'interlocuteur lui dit que "SA PASSION POUR LES DEUX-ROUES POURRAIT LUI ÊTRE FATALE" et que "IL POURRAIT DÉRAPER MÊME SUR CHAUSSÉE SÈCHE".
Malheureusement, la coïncidence fera que, 5 ans plus tard, il décédera d'un accident de moto...
Éc½uré par les pressions exercées, Coluche réunit une centaine de journalistes le 6 avril 1981, à un mois du scrutin, pour leur annoncer qu'il se retire car "il ne trouve plus ça drôle alors s'il n'en rit plus, comment va-t-il faire pour faire rire les autres ?"
Le mensonge en politique, responsable de la "Misère" qu'il chantait dans son sketch et du désintérêt des citoyens pour les élections. Ce même mensonge que l'on retrouve 30 ans plus tard dans un contexte économique et social lourd et dans les affaires qui font la Une des journaux. "La droite vend des promesses et ne les tient pas, la gauche vend de l'espoir et le brise", disait-il. On aurait voulu que cette formule soit datée. Ce n'est pas le cas.
La même année, quelques mois plus tôt, Daniel Balavoine se mettait en colère. Face à François Mitterrand, sur Antenne 2, il criait le désespoir de la jeunesse entretenu conjointement par les médias tournant en boucle sur une actualité qui ne l'intéresse pas et par les politiques qui ne la représentent pas.
Extrait : "Mr Mitterrand, vous nous avez parlé pendant dix minutes de l'affaire Georges Marchais, dont tout le monde se fout strictement. » Plus loin, l'adolescent attardé révèle aussi qu'il est un peu informé : « Je voudrais qu'on me dise qui ose encaisser 700 francs par mois par travailleur émigré pour les loger dans des poubelles. Je voudrais qu'on me l'explique parce que moi je ne le sais pas. » Et puis évidemment, in cauda venenum : « Ce que je peux vous dire, c'est que la jeunesse se désespère, qu'elle n'a plus d'appui. Elle ne croit plus dans la politique française et je pense qu'elle a, en règle générale, bien raison. Le désespoir est mobilisateur, et lorsqu'il est mobilisateur il devient dangereux. Il faut que les grandes personnes qui dirigent le monde soient prévenues que les jeunes vont finir par virer du mauvais côté parce qu'ils n'auront plus d'autres solutions. Et je vous remercie de m'avoir laissé parler. »
Si cette scène est restée célèbre, c'est qu'elle parle encore à beaucoup. A tel point qu'elle pourrait être répétée quasiment mot pour mot. La seule différence, c'est qu'on ne parlerait plus de colère, mais d'indignation. Pas sûr que ce soit mieux.
Trente années pendant lesquelles les relations entre les citoyens et la politique n'auraient pas été améliorées. Pourquoi ? Parce que nous n'avons pas réussi à obliger nos représentants politiques à tenir leurs promesses et à tout faire pour transformer des espoirs en réalité. Parce que nous n'avons pas réussi à exiger d'eux un engagement politique à la hauteur de la valeur de notre vote. Parce que nous n'avons pas réussi à faire en sorte que le résultat en politique ne soit plus une option, mais un objectif.
Pourtant, trente ans plus tard, nous disposons de moyens qui n'existaient pas à l'époque. Là où Coluche et Balavoine arrivaient à interpeller la classe politique en cavaliers solitaires, nous avons aujourd'hui tous les moyens technologiques et réseaux potentiels pour communiquer de citoyen à citoyen. Nous avons tous les outils entre les mains pour organiser la parole citoyenne et l'ériger en contre-pouvoir des dérapages et sorties de route des responsables politiques. Nous avons ce qu'il faut pour exiger ce qui n'est finalement que la moindre des choses : que notre voix soit respectée.
Alors qu'attendons-nous ?
Retrouvez l'enquête réalisée par Secrets d'actualité (M6) qui lève le voile sur la carrière éphémère du candidat Coluche ( Partie 1 ) - (Partie 2 ) - ( Partie 3 ) Article complet sur la mort de Coluche ( Ici )
Ici, Vidéo archive sous le titre : COLUCHE et BALAVOINE : Le Baptême noir de 1986
Ici, Article sous le titre COLUCHE, BALAVOINE et nous autres
Ici, Vidéo archive sous le titre : Les Colères de Daniel BALAVOINE
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